Yohan Demont : « Je suis un ch’ti ! »[b Né à Valenciennes il y a près de vingt-huit ans, Yohan Demont a toujours rêvé de devenir footballeur professionnel. Pour y parvenir, il a fait ses classes à Beauvais, avant de s'exiler sur l'île de beauté. Jouer à Bollaert devant sa famille, avec un maillot sang et or sur les épaules, c¹était un rêve de gamin. Aujourd'hui, il fait partie des joueurs lensois qui veulent sonner la charge pour retrouver de la dignité. [/b]
Yohan Demont, vous avez déjà retrouvé vos anciens équipiers à Ajaccio mi-novembre. Cette fois, ce sont eux qui viennent vous affronter. C’est un match particulier pour vous ?C’est assez particulier car j’ai joué trois ans à Ajaccio. Je m’y suis fait beaucoup d’amis. Sur l’île, on se voit souvent. C’est petit et l’on se croise régulièrement. En corse, c’est comme dans le Nord, ce sont de vrais amis.
Vous avez une pression particulière ?La pression est sur nos épaules, par rapport à nos derniers résultats et à notre classement, pas par rapport à l’adversaire que nous recevons.
Vous avez conservé des amis en Corse et au sein du club ?J’ai beaucoup d’amis en Corse, sur et en dehors des terrains. J’ai des contacts fréquents avec les gens qui ont partagé trois ans de ma vie. J’ai des souvenirs plein la tête de cette période charnière de ma vie.
Vous êtes arrivé à Lens fin juin 2005, vous avez apprécié le retour au pays, vous qui êtes natif de Valenciennes ?Je suis un ch’ti ! Revenir dans ma région, et surtout
jouer à Lens, c’était inespéré. C’était un rêve. Pendant toute ma jeunesse, j’ai imaginé jouer à Bollaert. Ma famille peut venir me voir à chaque match. Porter les couleurs sang et or est un honneur pour moi.
Parmi tous les pros lensois, vous êtes celui qui habite le plus près de la Gaillette. Vous pourriez presque y venir a pied. C’était une volonté en arrivant dans la région ?J’ai visité quelques maisons en arrivant dans la région mais elles étaient éloignées du centre d’entraînement. Or, la Gaillette c’est notre seconde maison. Je tenais donc à être le plus près possible.
J’ai eu la possibilité d’acheter un pavillon sympa au milieu des corons d’Avion, et je n’ai pas hésité. Je vis avec des gens simples, sympas, qui ont une histoire. Certains membres de ma famille habitent les corons, je ne suis pas dépaysé. Quand j’étais gamin, je jouais au ballon dans ces cités, ça me rappelle des souvenirs.
De temps en temps, les jeunes viennent sonner à ma porte mais ça ne me dérange pas trop. Ils sont respectueux.Vous êtes né à Valenciennes, Mais c’est a Beauvais que vous vous êtes révélé. Comment se fait-il qu’aucun grand club de la région ne vous ait remarqué ?A cette époque, je n’étais peut être pas assez bon. Mais je croyais en moi et mon père aussi. C’est d’ailleurs lui qui m’a emmené partout pour faire des essais. J’ai beaucoup travaillé pour progresser. J’ai tout fait pour réussir et j’y suis parvenu.
Après Beauvais, vous partez à Ajaccio. Les recruteurs régionaux vous ont laissé partir – Avec le recul, vous en pensez quoi ?Quand je regarde mon parcours, je n’ai pas à rougir. J’ai gravi les échelons à force de travail. Les recruteurs régionaux ne m’ont pas remarqué, mais je n’avais peut être pas le niveau avant de partir pour Ajaccio. Là bas, je me suis endurci. Les conditions de travail n’était pas les mêmes qu’ici. Les moyens étaient différents, mais c’est une bonne école.
Beaucoup de supporters disent que vous êtes le joueur qui incarne le mieux les valeurs de notre région. Vous n’hésitez d’ailleurs jamais a poser avec un casque ou une lampe de mineur. Ces valeurs sont importantes pour vous ?Bien sûr
! Mon grand père paternel était mineur, je sais donc de quoi je parle quand on évoque la mine. Quand je porte le maillot lensois, c’est comme si je portais le maillot de toute la région minière.
Je suis fier d’être lensois et je n’ai pas honte de mettre un casque de mineur sur la tête. Quand je pose pour une photo, c’est un hommage que je rends à mes grands parents.Avez-vous une autre passion que le football ? Ma première passion. C’est d’abord ma famille.
Ensuite, j’aime passer du temps avec mes deux chiens. Quand il me reste un peu de temps, j’adore faire du quad, car je suis un peu casse-cou. Mais il faut bien l’avouer, le foot me prend la grande majorité de mon temps.
Vous avez deux superbes rottweilers, certains disent qu’ils vous ressemblent : aboyeurs, bagarreurs, ils ne se laissent pas faire ! Vous étés d’accord ?Il y’a un peu de vérité ! J’aboie et j’ai déjà fait le coup de poing sur le terrain mais je vous rassure, je suis très gentil dans la vie. Un oncle m’a offert le premier rottweilers, le deuxième appartenait à mon père. Comme mon père habitait en appartement, on a décidé qu’il serait plus sympa que les deux molosses cohabitent chez moi, il y avait plus d’espaces. Voilà pourquoi les deux chiens vivent chez moi.
Les supporters sont mécontents des résultats du Racing. Certains ont même quitté la tribune à Rennes après le troisième but encaissé. Vous les avez vu partir ?J’ai vu le mouvement de foule. J’ai vite compris que c’était les supporters lensois qui quittaient le stade. C’est désagréable mais je comprends. Je suis déçu mais il faut bien admettre qu’ils ont été patients. Depuis le mois de janvier, on leur promet des résultats mais rien ne vient. Ils sont impatients de nous revoir en haut de l’affiche. On doit donner encore plus.
Arrêter de prendre les gens pour des cons ! Beaucoup de gens se privent pour être derrière nous, il faut les respecter.A quoi est du la baisse de régime actuel ?Je préfère parler des solutions. Elles existent, il faut se remobiliser.
Nous devons disputer tous les matches avec les dents qui traînent sur le gazon. Si l’on se bat, la victoire reviendra.
Le Racing a-t-il les moyens physiques mais aussi mentaux pour redresser la barre ?Le Racing a largement le potentiel, moral comme physique. Maintenant,
je ne sais pas si la mentalité du groupe peut nous permettre de nous battre toute la saison. Le groupe est peut être trop gentil pour évoluer au haut niveau.
Ajaccio lutte pour ne pas descendre en L2, vous pour recoller au peloton de tête. Ca risque d’être un match d’hommes ?Ca sera un gros match, c’est sûr ! Les ajacciens ne lâcheront rien. Ils ont l’habitude de ce genre de match. J’ai joué trois ans à Ajaccio et chaque saison on luttait pour ne pas descendre. Les corses connaissent la musique. Leur mental est énorme. Ils ne lâcheront rien, mais nous ne lâcherons rien non plus. Nous devons rester les patrons à Bollaert.
Vous avez connu la pression pour le maintien avec Ajaccio, aujourd’hui vous connaissez celle d’un club qui a des ambitions Européennes. Quelle est la meilleure pression ?Les deux challenges sont passionnants. Jouer le maintien pour une région comme la Corse, je peux vous assurer que c’est fort. Mais jouer l’Europe avec le club de ses rêves, c’est encore mieux ! Il n’y a pas photo. Parfois la pression est forte, mais il faut savoir ce que l’on veut dans la vie. C’est un combat de tous les instants.