Duchemin, récit d'une galère

Duchemin, récit d'une galère

L'ancien milieu de terrain de Nancy Emmanuel Duchemin a mis un terme à sa carrière en octobre dernier à cause d'une luxation du talon, une blessure très rare chez les footballeurs. A 30 ans, il débute sa deuxième vie, son contrat à peine résilié.


Voilà, c'est fini. Le lien ténu qui existait encore entre Emmanuel Duchemin et le football professionnel s'est officiellement brisé, le 4 mars dernier. Le contrat qui courait avec Nancy jusqu'au 30 juin 2010 a été rompu à l'amiable, un peu plus d'un an avant son terme. Juste une formalité. Aujourd'hui, Duchemin a définitivement tourné le dos à son ancien job. La reconversion, mûrement réfléchie avant même sa blessure fatale, le conduira à Amiens, dans cette Picardie qui l'a vu naître. «Je suis inscrit à l'ANPE. Je vais bientôt quitter Nancy pour m'installer chez moi, à Amiens. Avec un projet déjà bien avancé dans la gestion de patrimoines.»

Sa carrière s'est arrêtée net le 7 août 2007. Et pas le 16 octobre dernier, quand il a annoncé qu'il ne rejouerait plus jamais au football. «Ce fameux 7 août, lors d'une séance d'entraînement, je me suis mal réceptionné. Je suis retombé en partie sur le pied d'un coéquipier, et j'ai senti comme la cheville droite vriller. Je n'ai pas eu mal tout de suite, mais j'ai compris que mon talon n'était pas à sa place, explique Emmanuel Duchemin. En lisant le regard de mes coéquipiers, j'ai compris que c'était grave. La douleur est devenue insoutenable. Puis le SAMU est arrivé et j'ai été conduit à l'hôpital.»


Une blessure de parachutiste

Ce jour d'été pas comme les autres, le vainqueur de la Coupe de la Ligue 2006 a simplement croisé la malchance. Sa blessure - une luxation sous-astragalienne (ou du talon) - est fréquente chez les parachutistes. Mais pas chez les footeux. «Il n'a pas eu de chance. Il aurait mieux valu que l'os se casse carrément», explique Jean-Pierre Vaglio, le médecin du club présent le jour de l'accident. Opéré et plâtré pendant deux mois et demi, Emmanuel Duchemin ignore encore que le pire l'attend. Au gré d'une rééducation lambda, les douleurs ne disparaissent pas. «J'avais l'impression d'avoir du jeu dans le talon. Cette instabilité générait des douleurs vite handicapantes.» L'orthèse de cheville fabriquée sur mesure pour bloquer le talon avec l'ensemble de la cheville améliore à peine le confort de marche. Et la tentative de courir avec une coque dans la basket est un échec. Trop douloureux. «J'étais gêné jusque dans ma vie quotidienne, raconte-t-il. Les soins que je recevais ne changeaient rien. J'ai reçu des courriers de praticiens de médecines parallèles qui me proposaient des solutions miracles. Après des recherches, j'ai appris que mon cas était quasiment unique dans le monde du sport professionnel.»

La décision d'arrêter de faire semblant, Emmanuel Duchemin l'a prise sur une plage de la Côte d'Opale, en juin 2008. Une chute dans le sable, l'impossibilité de se relever sans l'aide de ses potes et l'évidence qui finit par l'aveugler. «A mon retour à Nancy, j'ai pris rendez-vous avec le professeur Hummer, le chirurgien du club, pour lui dire que voulais subir une arthrodèse, qui fixe l'articulation entre l'astragale et le calcanéum. Plus question alors de jouer au foot, ce qui était de toute façon compromis ou alors à 70-80 % de mes moyens, mais j'allais retrouver une vie normale. Le plus important pour moi.» Six mois après son opération, Duchemin n'a plus mal et marche normalement. «Je vais même pouvoir recourir... J'ai été victime de la malchance, c'est tout. Arrêter à 29 ans, c'est plus facile qu'à 22. Moi qui n'imaginais pas faire une telle carrière...» - Alexis BILLEBAULT (à Nancy)

msn.fr

Edit laita : J'ai déplacé tes posts dans le topic approprié "Nancy au quotidien".